Argentine – Condor des Andes

Le plus grand rapace au monde a toujours fasciné les peuples sud-américains : depuis le Venezuela jusqu’à la Terre de Feu, l’imaginaire des habitants de la cordillère des Andes est profondément marqué par le vol majestueux de ce symbole de liberté. Malgré cette fascination, le nombre de condors a fortement diminué à cause de l’homme : chasse illégale, empoisonnement par méconnaissance et dégradation des habitats.

L’Union Internationale de Conservation de la Nature estime sa population sauvage à moins de 7 000 individus sur son aire de répartition globale et morcelée.

L’association argentine Bioandina s’est entièrement dédiée à la protection du condor en créant en 1991 le projet « Projet de Conservation du Condor des Andes (PCCA) ». Son objectif est de renforcer les populations sauvages de condors, grâce à la réintroduction d’oiseaux nés en captivité ou recueillis, réalisée en collaboration avec les communautés locales. Objectif qui se remplit au fur et à mesure des années, avec plus de 215 condors réintroduits et le retour de l’espèce sur la côté atlantique d’Argentine.


ONG soutenue : Association Bioandina

  • Créée en 2000 est basée à l’Ecoparque de Buenos Aires en Argentine

Dirigée par Luis Jacome et Vanesa Astore, Bioandina est l’acteur incontournable de la conservation des condors des Andes en Amérique du Sud.

Site web de Bioandina


Rôle du Bioparc

  • Principal soutien financier de Bioandina depuis 2007


Fonds versés en 2023 par Bioparc Conservation : 15 000 €

Non seulement financier, ce soutien a permis de mettre en réseau différents porteurs de programmes de conservation pour développer dans d’autres régions sud-américaines des actions en faveur du condor. C’est le cas au Pérou, où le Bioparc soutient, via l’association Tu Tierra, la protection d’aires naturelles abritant des condors.


Des condors réintroduits ou réhabilités à la nature

Une reproduction favorisée et assistée pour obtenir des candidats au relâcher
Confiés par des zoos, des œufs de condors sont placés en incubateur au centre d’élevage de Bioandina basé à l’Ecoparque de Buenos Aires. Les oisillons sont élevés à la main avec des marionnettes à l’effigie des parents afin de minimiser le contact et d’obtenir des candidats aux relâchés dès l’âge de 6 mois.

Des condors blessés recueillis et réhabilités
Les condors retrouvés blessés dans la nature sont accueillis au centre de soins. Soignés, ils sont placés dans des volières pour réapprendre à voler, avant d’être relâchés.

Des réintroductions pour renforcer la population de condors
Bioandina réintroduit les condors dans différentes provinces d’Argentine. Le suivi des oiseaux est un travail important : par relevé satellitaire, elle reçoit des milliers d’informations précieuses sur les condors équipés d’émetteurs à transmission solaire (localisation, mouvements, usage des habitats…).

Réintroduction sur la côte atlantique : depuis 2003, Bioandina s’intéresse à la province du Rio Negro pour libérer l’espèce sur la Côte Atlantique, d’où elle avait disparu depuis 150 ans. Ce retour vers l’océan s’effectue depuis la montagne de « Paileman », signifiant condor en paix en dialecte indien local. C’est un véritable succès avec la 1ère naissance sur la côte atlantique en décembre 2009.

Depuis la mise en place du programme, 79 naissances ont eu lieu, plus de 380 individus ont été sauvés et plus de 83 000 km2 protégés ! Et Bioandina a réintroduit plus de 243 oiseaux !


Un plan d’action pour lutter contre l’utilisation d’appâts empoisonnés

Les condors des Andes, comme les vautours en Europe, sont menacés par l’utilisation de produits agrochimiques. Cet empoisonnement est parfois indirect : les communautés rurales l’utilisent pour tenter de contrôler des grands carnivores (pumas, renards ou chiens) qui sont ensuite consommées par les espèces nécrophages comme le condor. Ces carcasses contaminent également le sol, l’eau et in fine la santé humaine.
Bioandina, en collaboration avec le Ministère argentin du Développement Durable et le soutien des autorités de 14 provinces du pays, a élaboré une Stratégie Nationale de Lutte contre l’Utilisation des Appâts Toxiques.

Ce plan d’action a conduit en premier lieu à l’interdiction du Carbofuran (production, importation, fractionnement). Malgré l’interdiction, en 2020, ce sont plus de 150 condors morts qui ont été signalés par Bioandina. L’intégration des délits environnementaux dans le code pénal argentin est en cours afin de pouvoir sanctionner sévèrement les personnes utilisant des poisons.

En attendant, des kits d’urgence sont distribués aux autorités environnementales pour leur permettre de prélever des échantillons, de collecter des informations et de minimiser les risques de contaminations pour les équipes intervenantes. Des études toxicologiques sont ensuite menées pour déterminer les causes et le type de poison utilisé. Ces résultats constituent des preuves utilisables dans le cadre d’une enquête pénale.

Bioandina propose également des formations et des ateliers autour :

  • de l’utilisation des appâts et de leurs impacts sur la faune et l’environnement
  • du protocole à suivre en cas d’empoisonnement
  • du référencement des zones et espèces plus exposées à l’empoissonnement


L’association présente aussi ses actions sous forme d’exposition scientifique, culturelle et éducative. Elle est mise à disposition des communautés locales et présente les risques d’utilisation de ces appâts et les alternatives possibles.

Enfin, grâce à des enquêtes de terrain et des entretiens personnalisés avec les riverains, Bioandina tente de mieux comprendre la perception de la faune et le conflit potentiel qu’elle représente pour les activités agricoles.


Une sensibilisation en lien avec l’importance mystique du condor

Chaque relâché s’accompagne d’un cortège cérémonial pour rendre à l’oiseau toute sa symbolique ancestrale : un guide spirituel célèbre le retour de l’âme du condor à la vie sauvage et prie pour une cohabitation harmonieuse entre toutes les formes de vie. Bioandina utilise également de nombreux outils pour informer et sensibiliser à la protection du condor : interventions en écoles, médiatisation, exposition et film…



Crédits photos sur cette page : Bioandina