Bulgarie – Vautours
Au début du 20ème siècle, les quatre espèces de vautours eurasiens étaient très bien représentées en Bulgarie. 50 ans plus tard, à cause de l’utilisation de poison contre les prédateurs et le manque de nourriture, les vautours fauves, moines et le gypaète barbu disparaissaient du pays, et la population de vautours percnoptères déclinait fortement.
Abandonné sous le régime communiste soviétique, l’élevage pastoral traditionnel est pourtant indissociable du paysage montagnard du pays. Le peu de moyens le rend aujourd’hui difficile et la présence de carnivores sauvages, tels que ours ou loups, engendre des conflits. Ceux-ci se traduisent par des attaques sur le bétail et l’utilisation de poison sur des carcasses pour tuer les prédateurs. Les 4 espèces de vautours des Balkans, en tant qu’éboueurs de la nature, se nourrissent de cadavres d’animaux sauvages ou d’élevage. La baisse du pastoralisme et l’ingestion de poison ont terriblement affaibli leurs populations.
Afin de restaurer ces 4 espèces, un collectif d’associations et institutions a lancé en 2002 un plan d’action général, basé sur l’expérience positive menée en Europe de l’Ouest. Parmi les acteurs, l’ONG bulgare FWFF (Fund for Wild Fauna & Flora), s’attache à garantir aux oiseaux une nourriture saine et disponible dans les montagnes bulgares, à aider les éleveurs, et à réintroduire les espèces.
Grâce à son action, les vautours font leur retour dans le pays depuis 2010. La première nouvelle naissance de vautour fauve a eu lieu en 2013 dans les montagnes de Kotel, à l’est du pays. En début d’année, deux pontes de vautours fauves étaient observées pour la première fois depuis 50 ans, et une d’entre elles a éclos. Sur les 4 individus, tous réintroduits, 2 proviennent du Bioparc. Un très grand succès soulignant l’importance d’allier les acteurs de terrain et les parcs zoologiques pour la conservation de la biodiversité.
ONG soutenue : Fund for Wild Fauna & Flora
- ONG bulgare basée à Blagoevgrad au sud-ouest de la Bulgarie
- Équipe de 10 personnes dirigée par Emilian Stoynov et de nombreux bénévoles
- Plusieurs sites d’actions : d’Ouest en Est, les Gorges de Kresna, les parcs nationaux Vrachanski Balkan, Central Balkan, Sinite Kamani et les montagnes de Kotel, et au sud les montagnes des Rhodopes.
- ONG soutenue par l’Europe au travers des projets LIFE (L’Instrument Financier Européen, dédié à des actions pour l’environnement)
Fund for Wild Fauna & Flora (FWFF) est dédiée à la protection de la biodiversité en Bulgarie. Réintroduction d’espèces, conservation des habitats et restauration de l’élevage pastoral traditionnel sont ses domaines principaux d’actions, avec pour espèces emblématiques les vautours eurasiens, mais également les ours et les loups. Elle cherche à préserver durablement la nature en respectant les besoins des communautés humaines locales et recherchant des solutions à tous les utilisateurs du milieu pour sécuriser l’avenir de la biodiversité et des hommes.
Site web de FWFF
Rôle du Bioparc
- Soutien financier de FWFF depuis 2001
- Dons de vautours fauves nés au Bioparc
Fonds versés par le Bioparc en 2023 : 3 000 €
Le Bioparc soutient un réseau d’associations en Europe qui œuvre pour le retour durable et la préservation des vautours, vautour fauve, vautour moine, vautour percnoptère et gypaète barbu. Les actions sont multiples : sensibilisation et suivi des espèces, réintroduction et protection des habitats, sauvetage et soins, restauration de l’élevage traditionnel redonnant vie aux montagnes et garantissant une nourriture aux vautours. Toutes les associations cherchent à redonner aux vautours leur place d’éboueur de la nature, indissociable des paysages pastoraux.
Débutées en 1981 dans les Grands Causses, les réintroductions ont abouti à la présence d’une population stable et importante de vautours fauves en France. À cette époque, le Bioparc s’est rapproché du pilote de ce projet inédit, le Fonds d’Intervention pour les Rapaces (aujourd’hui Mission Rapaces LPO), pour lui confier notre premier vautour fauve né au zoo en 1983 et proposer le recueil d’oiseaux blessés incapables de recouvrer leur capacité de vol. Depuis, les vautours accueillis au Bioparc se reproduisent et donnent naissance à des jeunes que nous réintroduisons en France, pour le vautour moine, en Bulgarie pour le vautour fauve.
Un point chaud de biodiversité pour les vautours fauves en Europe
Sur le site des Gorges de Kresna, la population moyenne de vautours fauves est de 110 individus depuis 2013.
Depuis 2014, 49 vautours ont pu y être relâchés par FWFF, dont 8 nés au Bioparc !
En 2017, un événement majeur a cependant impacté durement la population de vautours : plus de 30 oiseaux ont été retrouvés morts en moins de 15 jours. Tous ont ingéré des appâts empoisonnés initialement destinés à des carnivores tels que le loup, le renard ou le chien. Très rapidement, FWFF a réintroduit de nouveaux vautours fauves afin de permettre à la colonie de se maintenir. Cette réintroduction s’est accompagnée d’une augmentation du nombre de dépôts de nourriture sur des placettes d’alimentation.
Les Gorges de Kresna sont aussi fréquentées par d’autres espèces dont le vautour moine depuis 2012 (3 individus recensés en 2021) et le vautour percnoptère (4 individus recensés en 2021). L’aigle impérial y a été observé entre 2012 et 2015, l’aigle des steppes en 2015 et le pygargue à queue blanche en 2015 et 2016. FWFF observe et étudie avec attention la population de vautours fauves de la zone. L’association distingue les individus réintroduits, migrateurs, estivant, hivernant et vagabonds. En suivant leurs déplacements, elle en apprend plus sur l’espèce.
Un soutien direct à l’élevage pastoral
FWFF travaille de manière à minimiser les conflits éleveurs/prédateurs, en aidant les petits éleveurs à maintenir dans de bonnes conditions leur activité. Les actions majeures sont d’aider les éleveurs à protéger leurs troupeaux et de compenser les pertes dues aux prédateurs naturels via :
- Don de chiens gardiens de troupeaux de la race rustique
- Troupeaux de compensation des pertes
- Élevage de races rustiques de bétail
- Rétablissement de la transhumance
- Sensibilisation et éco-ferme de démonstration
- Soutien via des assurances
Prévention et troupeau de compensation
Les animaux tués par un prédateur naturel sont remplacés par des animaux provenant de troupeaux de chèvres et de moutons créés et gérés par l’ONG. Ce remplacement se fait à des conditions : être berger pour bénéficier de l’aide ; protéger ces troupeaux (chien, enclos pour la nuit) ; renoncer au poison ; informer dans les 24h FWFF de la découverte du cadavre. Grâce à un numéro gratuit, accessible par les éleveurs 24h sur 24, la mort est vite constatée par un expert. Si elle est due à un carnivore sauvage et que les conditions de gestion de l’élevage sont remplies, l’animal est remplacé.
La réintroduction de vautours
FWFF participe au plan d’action national et européen de restauration des populations de vautours dans les Balkans. En Bulgarie, les premières réintroductions organisées par l’ONG ont débutées dans les montagnes de Kotel en 2007. Elles sont désormais annuelles et réalisés sur les différents sites d’action de l’ONG, en collaboration avec d’autres organisations de protection de la nature. Les oiseaux relâchés proviennent des centres de recueil d’oiseaux blessés ou de parcs zoologiques, comme le Bioparc de Doué-la-Fontaine.
Les candidats sont placés sur les sites de relâchés dans des volières d’acclimatation. Nourris une à deux fois par semaine pour minimiser la présence de l’homme. Ils y resteront le temps d’atteindre leur maturité sexuelle, et seront réintroduits. La pose d’une bague ou d’une balise permet le suivi des individus relâchés.
Les dernières nouvelles du terrain
En 2022, 3 sites de nourrissages ont été approvisionnés 60 à 70 fois entre juillet et décembre. Un soutien crucial pour les vautours lors de la période de reproduction puisque le nombre de couples reproducteurs par site n’a cessé d’augmenter. Au total, plus de 44 poussins ont été élevés par leurs parents !
Crédits photos sur cette page : Hristo Peshev (FWFF), Bioparc