Conservation des espèces hors de leur milieu naturel

Quelle place pour la conservation ex-situ au Bioparc ?

Parmi les 130 espèces animales représentées au Bioparc, 30% sont inscrites comme « en danger » d’extinction sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union International pour la Conservation de la Nature (statut Quasi menacé, Vulnérable, En danger ou En danger critique). Une volonté assumée de notre parc : nous considérons ces animaux comme les représentants de leurs congénères sauvages et tentons de sensibiliser les visiteurs aux dangers qui pèsent sur ces espèces et aux solutions que nous soutenons afin d’inverser la tendance.


Des programmes de conservation pour les espèces menacées

La conservation ex-situ vise au maintien d’une espèce hors de son milieu naturel. Elle se fait durablement grâce à une gestion raisonnée de la population, au développement de bonnes pratiques et techniques d’élevage, à l’apport de la recherche appliquée, aux banques de données génétiques, au renforcement des populations sauvages et la réintroduction dans la nature d’individus nés en zoos.

À travers les Programmes Ex-situ de l’EAZA, dits EEP, les populations hébergées par les zoos sont gérées de manière à préserver au maximum le patrimoine et la diversité génétique des espèces. Chaque EEP est sous la responsabilité d’un coordinateur. Spécialiste de l’espèce, il recense la population captive et tient à jour son studbook (registre des naissances, morts, transferts et de toute autre information nécessaire à la gestion des individus partout en Europe). Grâce aux analyses de données génétiques, démographiques et biologiques dont il dispose, le coordinateur émet des recommandations relatifs à la reproduction, aux soins vétérinaires, à la nutrition, aux transferts… applicables dans tous les zoos d’Europe hébergeant ladite espèce.

Certaines espèces font l’objet d’un Studbook européen (ESB). Il s’agit d’un programme de collecte d’informations démographiques et génétiques permettant le suivi rapproché d’une population. Comme un EEP, un ESB est géré par un coordinateur mais de façon moins contraignante. De fait, il est souvent un préalable à la mise en place de l’EEP. Il existe également des Studbook internationaux qui prennent en compte les populations de plusieurs associations continentales (EAZA, AZA, ZAA, SEAZA…).

En 2024, nous participons à 45 Programmes Ex situ de l’EAZA, 11 Studbook européens et 1 Studbook international. Les 2 vétérinaires du Bioparc sont également les coordinateurs des EEP de l’atèle marimonda (Ateles hybridus) et de la sterne inca (Larosterna inca), et assurent aussi le monitoring, ou recensement des individus, de l’ibis hagedash (Bostrychia hagedash) et de la perruche de Patagonie (Cyanoliseus patagonus bloxami).

La conservation ex-situ n’est en rien une solution de substitution à la protection in-situ. Les approches communes in-situ et ex-situ sont bien au contraire recherchées, jusqu’à la réintroduction d’individus nés en parcs zoologiques dans la nature pour les espèces pour lesquelles c’est envisageable. Le plan unique de conservation des espèces (ou one plan approach) est d’ailleurs aujourd’hui plébiscité par de nombreuses institutions internationales, et consiste en l’élaboration de stratégies de gestion et d’actions de conservation par toutes les parties responsables pour toutes les populations d’une espèce, qu’elles soient à l’intérieur ou à l’extérieur de leur milieu naturel (in-situ et ex-situ).


L’élevage conservatoire, de la reproduction à la réintroduction

L’élevage conservatoire correspond à la reproduction en captivité d’espèces menacées, en vue de leur réintroduction en milieu sauvage. Il s’agit de l’une des missions à laquelle notre parc est particulièrement attaché. Afin d’augmenter la capacité de reproduction d’espèces gérées dans le cadre des EEP, notre équipe a installé à l’écart du public différentes volières complémentaires qui reçoivent des vautours moines (Aegypius monachus), des vautours percnoptères (Neophron percnopterus percnopterus) et des varis roux (Varecia rubra), en veillant au respect des recommandations du coordinateur de chaque espèce. Tous les jeunes qui y naîtront sont destinés à être réintroduits dans la nature, en collaboration avec des associations de protection de la nature, pour renforcer les populations sauvages.


La recherche scientifique

Nous participons dès que possible à des projets de recherche relayés par l’EAZA via les EEP, par les vétérinaires membres de l’AFVPZ (Association Francophone des Vétérinaires de Parc Zoologique) ou de l’EAZWV (European Association of Zoo and Wildlife Veterinarians), dans le cadre de thèses de doctorat vétérinaire encadrées par les écoles vétérinaires, ou suite à des sollicitations directes des universités ou instituts de recherche. Cette participation peut se faire par partage d’informations ou retour d’expérience via des questionnaires, par l’envoi d’échantillons biologiques (sang, poils, plumes, fèces…) ou encore par l’accueil de chercheurs sur le site. Lors de maladie particulière diagnostiquée sur le parc, nous envoyons de façon privilégiée nos échantillons aux Laboratoires Nationaux de Référence. Nous participons ainsi à faire progresser les connaissances sur ces maladies chez les espèces sauvages et exotiques.

Plus spécifiquement, entre 2017 et 2020, notre équipe vétérinaire a activement participé à la recherche sur la toxoplasmose chez les saïmiris à tête noire (Saimiri boliviensis), ainsi qu’à une étude sur l’utilisation d’un nouveau type de vaccin contre cette maladie suite à une mortalité élevée chez les animaux du parc.